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Le programme "anti-système" de Ron Paul séduit les Américains


Ron Paul, le candidat républicain "anti-système" à la primaire de l'élection présidentielle américaine, est deuxième dans les sondages.
Ron Paul, le candidat républicain "anti-système" à la primaire de l'élection présidentielle américaine, est deuxième dans les sondages.AP/Elise Amendola

"Qui profite de l'inflation ? Seulement ceux qui sont en haut de la pyramide et récupèrent tout l'argent, directement de la source. Comme vous l'avez peut-être deviné, la source, c'est la Réserve fédérale." Sur son site, Ron Paul, candidat libertarien à la primaire républicaine, n'y va pas par quatre chemins quand il s'agit de désigner les coupables de la crise financière actuelle et de l'inflation, toutefois modeste, à laquelle sont confrontés – entre autres – les Américains.

Un discours qui interpelle un nombre croissant d'électeurs potentiels puisqu'il dispute avec Mitt Romney la première place des sondages dans l'Iowa, premier Etat dans le calendrier des primaires. Selon l'institut Rasmussen Report, Ron Paul se situait jeudi 22 décembre 5 points derrière son concurrent, avec 20 % des intentions de votes.
Dans un contexte de crise économique et financière mondiale, le discours de Ron Paul va plus loin qu'une simple dénonciation des dérives de la finance. Surnommé "Docteur No" au Congrès pour ses positions "anti-système" et indépendantes des lobbies, il n'hésite pas à défendre un programme économique radical.
Selon le premier conseiller du parti libéral démocrate, Daniel Tourre, c'est un retour au "libéralisme classique très pur", qui s'inspire d'"économistes qui ont vu juste",comme Mises, Hayek, RothbardDaniel Tourre explique, dans une tribune publiée par LeMonde.fr, que ces idées s'inscrivent dans la droite ligne de celles de "l'Ecole autrichienne". Celle-ci préconise de réduire au maximum l'intervention de l'Etat au profit d'une économie du "laissez-faire" : c'est-à-dire d'accorder une confiance totale aux marchés pour se réguler seuls, sans qu'un organisme tiers n'intervienne.
Par conséquent, elle "met en cause l'existence même d'une banque centrale accusée non seulement de ne pas stabiliser la monnaie ou l'économie mais au contraire de provoquer des bulles et des crises tout en servant ouvertement les intérêts des grandes banques", précise M. TourreRon Paul "n'a voté aucun des fameux bail out des grandes banques tout en exigeant de la Fed une grande transparence des comptes", rappelle-t-il.
"UNE MESURE IRRÉALISABLE"
Ron Paul propose ainsi la suppression de cinq ministères (éducation, énergie, commerce, intérieur et aménagement du territoire) afin de réduire les dépenses publiques de 1 000 milliards de dollars dès 2013. Suppression qui s'ajouterait à celle de la banque centrale américaine, responsable selon lui de tous les maux ou presque de la situation économique actuelle de l'Amérique.
En 2007 déjà, alors également candidat à la primaire républicaine, Ron Paul affirmait ainsi que "la Réserve fédérale, notre banque centrale, encourage une fuite en avant de la dette en augmentant l'offre de monnaie, réduisant la valeur de chaque dollar dans notre poche. La Fed est une banque privée dirigée par des officiels non élus à qui il n'est pas demandé d'être transparent ou de rendre des comptes à nous le peuple." Position régulièrement réitérée depuis, notamment en 2009 dans son livre End of the Fed (La Fin de la Fed)Il y affirmait que "rien de bon ne peut provenir de la Réserve fédérale".
"C'est une mesure complètement irréaliste, irréalisable et incongrue", rappelleCéline Antonin, économiste à l'OFCE. "Supprimer la Fed, c'est se priver de politique monétaire. Or, celle-ci a deux objectifs : maintenir la stabilité des prix etassurer la croissance du pays", rappelle-t-elle.
"UN ÉNORME RETOUR EN ARRIÈRE"
Le candidat libertarien, qui fonde sa politique sur le principe de la liberté, est donc partisan d'un libre fonctionnement du marché couplé à un gouvernement au rôle extrêmement limité. Il souhaite logiquement – comme la majorité des républicains –considérablement réduire les impôts. "Des impôts faibles bénéficient à tout le monde, créent des emplois et nous permettent de prendre plus de décisions concernant nos vies", affirmait le candidat en 2007.
Ron Paul propose également d'introduire dans les circuits économiques une dose de monnaie non fiduciaire, indexée sur la valeur de matières premières. "C'est un énorme retour en arrière. On revient à des débats du XVIIe siècle !", fustige Céline Antonin. "Les matières premières sont très volatiles et seraient une source d'incertitude économique constante", s'inquiète-t-elle. Une proposition d'autant plus étonnante, selon elle, que "le dollar est la monnaie la plus stable du monde".
Les idées de Ron Paul sont largement répandues au sein du mouvement Tea Party. Le mouvement conservateur et libertarien compte d'ailleurs parmi ses membres de nombreux soutiens célèbres à Ron Paul, tel Glenn Beck, ancien présentateur vedette de Fox News. Ce dernier milite à ce titre pour une nouvelle candidature indépendante du libertarien en cas d'échec à l'investiture républicaine.
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